Un coup d’œil dans le rétroviseur
Par Estelle Rose (Déléguée de Visions Solidaires au FSM de Tunis)
« Des idées qui fusent …
3 jours, 4 000 ateliers de réflexions proposés, plus de 40 000 personnes présentes et autant d’idées et de mots qui fusent, s’échangent, se confrontent et se mélangent ! Sans vouloir entrer dans une guerre des chiffres, voilà un petit aperçu de ce que le Forum Social Mondial (FSM) a bien voulu faire voir !
Et il y en a eu pour tous les gouts ! Slogans de toutes sortes (« A bas la dictature ! A bas le capital ! »), expositions photos, stands, jeux (le chamboule-tout spécial dictateurs a été particulièrement apprécié !), concerts, happening, manifestations, projection de films, conférences et ateliers ont été organisés ! Dans un bourdonnement intellectuel et parfois même émotionnel, des jeunes et moins jeunes « ont refait le monde » autour de leurs préoccupations : les migrations, l’accaparement des terres, le nucléaire, la liberté de la presse, la torture et les traitements inhumains, la paix, l’anticolonialisme, le Printemps Arabe ou encore l’avortement, le syndicalisme, l’islam politique, la place des femmes, le théâtre forum, les chants révolutionnaires du monde, la libération des animaux et même le rôle des paysagistes dans la création d’un monde nouveau !
Dans les ateliers, le FSM prend tout son sens : les cultures se rencontrent, s’écoutent et parfois s’étonnent. « La démocratie me fait peur, une trop grande liberté va amener l’anarchie ! » ; « je suis ici car je ne sais pas ce qu’est la démocratie ; j’ai simplement compris qu’elle était la liberté d’expression » confient des étudiants tunisiens et algériens dans un atelier sur les mouvements de la jeunesse. Le FSM devient alors le lieu par excellence où des idées peuvent naitre, grandir, se renforcer pour mieux se diffuser.
et se diffusent… ? »
Mais sur ce point, les plus sceptiques ont aussi leurs idées bien tranchées ! Comment les idées altermondialistes de progrès, de démocratie, de justice sociale et de paix peuvent-elles se construire et se diffuser, alors que le FSM est organisé à Tunis, ville qui n’est qu’une façade du pays et ne représente pas du tout la population tunisienne ? Comment peuvent-elles se diffuser si cette population tunisienne n’est pas consultée lors de l’organisation de cette manifestation mondiale et ne peut pas y assister à cause du prix et du port d’un badge ? Et comment ces idées peuvent-elles « vivre » alors qu’en même temps qu’à lieu le FSM, une répression d’une manifestation se fait à l’intérieur du pays ?
Des critiques qui vont même jusqu’à dire que le FSM, est « une mobilisation bourgeoise d’associations qui se sentent frustrées de ne pas être écoutées par les décideurs politiques et décident de construire leur propre manifestation depuis 10 ans… sans avoir pour autant de résultats probants ! »
Quoi qu’il en soit, ne dit-on pas que « ce sont les idées qui mènent le monde » ? (Ernest Renan ; L’avenir de la science – 1848)