The future we want
Par Samir ABI
Ne vous fiez surtout pas à ce titre car il n’y a rien de plus trompeur. L’avenir que nous voulons est bien loin du contenu du document final de la Conférence de Rio +20 qui porte ce titre et qui sera certainement validé par tous les chefs d’Etat présents à Rio dans les prochaines heures. Il faut bien permettre au Brésil de clamer son succès à la fin du sommet.
En résumé, ce document avalise, pour les prochaines années, l’économie verte comme principe de base des actions de développement et permet la création de mécanismes novateurs de financement par les Etats en partenariat avec le secteur privé et les institutions financières internationales afin d’aboutir à la réalisation d’objectifs de développement durable. Toutes ces jolies phrases n’expriment qu’une chose, si on les traduit en termes simples, l’accaparement futur par les marchés des biens communs si gracieusement donnés par la nature, et tout ça, au nom de l’économie qualifiée à tort de verte.
Certes, on ne s’attendait pas à un miracle puisque, depuis le début du processus du Rio + 20, l’agenda des négociations est imposé par les pays du G20 qui voient dans l’économie verte et la marchandisation de la nature une façon de dépasser la crise économique actuelle et de créer de la croissance. Mais on ne peut réprimer un sentiment de déception. La survie des populations indigènes à jamais menacée et la pauvreté grandissante au Nord comme au Sud n’auront pas suscité assez de compassion pour que les dirigeants de ce monde agissent pour construire le futur que les peuples veulent. Quand on voit la part belle faite aux institutions financières internationales censées éradiquer la pauvreté on peut tout simplement s’indigner, surtout quand on vient du Sud et qu’on apprécie ce qui se passe en Grèce.
Quant au partenariat public/privé, tant vanté depuis une dizaine d’années, il permet astucieusement et simplement aux multinationales d’augmenter leurs profits tout en transférant les coûts aux Etats, c’est-à-dire nous, le peuple. Et oui, le public, ce sont les 99% qui payent toutes les taxes du monde pour rembourser les dettes héritées d’investissements hasardeux et de corruption alors que 1% accumulent les profits et n’hésitent pas à avoir recours à l’évasion fiscale. Rien ne change. Plus que jamais, une révolution contre ce système est nécessaire pour, qu’un jour, la pauvreté soit éradiquée.
And the Winners are ? C’est la loi de la jungle, aux Nations unies comme ailleurs. Les plus forts ont toujours le dessus sur les faibles. Le Canada et les USA peuvent se dire heureux des résultats. Les institutions financières internationales également puisqu’elles auront un rôle plus que charnière dans le financement de la mise en œuvre du plan d’action. Vive les dettes et les futures crises ! Une fois de plus, les populations devront faire la différence, se mobiliser et revendiquer leur droit, leur droit de vivre et de faire vivre leur descendance. Il nous appartient d’inventer the GENUINE FUTURE WE WANT.