CAMPAGNE HANDIVALIDES 2013 :
Chronique de Campagne N°2 : Avril 2013
(Chronique animée par Valérie ATTISSO, chargée des campagnes Handicap à Visions Solidaires)
Dans le cadre de sa campagne « Handivalides » 2013 au Togo, Visions Solidaires continue à aller à la rencontre des femmes en situation de handicap au Togo pour leur donner la parole. Pour cette deuxième chronique rencontre avec mademoiselle AGBODAZE Adakou, couturière d’art, cuisinière femme handicapée motrice qui nous parle de son parcours de vie.
» A deux ans, j’ai été frappée par la poliomyélite, une maladie qui m’a terriblement abattu alors que je marchais, courrais et dansais déjà. Je me retrouve alors par terre, complètement paralysée, seule ma mère à l’époque, luttait pour me sauver, elle avait tout vendu et dilapidait son héritage pour me guérir. Mon père m’avait carrément rejeté, ne voulant rien savoir de moi. J’étais devenu comme un nouveau né qui doit réapprendre à s’asseoir, faire le premier pas et marcher, et ceci pendant 4 ans. Par la grâce de Dieu, à 7 ans j’avais commencé le cours primaire grâce à l’appui du Père GROTO Francis, Curé à Togoville, qui avait pris en charge tous mes frais scolaires jusqu’au CE1. Arrivée à ce niveau j’ai décidé d’arrêter les études à cause des deux kilomètres de distance qui séparaient l’école de ma maison et de l’environnement inadapté de l’école que je fréquentais.
A 18 ans, j’avais commencé à apprendre le métier d’art (fabrication de poupées africaines, des bêtes, des macramés, des trousseaux pour bébé….) chez madame AHOLOU Georgette Elie, à qui je rends un vibrant hommage. Femme en situation de handicap, Madame Georgette était déterminée, vaillante et c’est elle qui m’a appris la rigueur et l’esprit créatif au travail. Après mon diplôme en couture d’art, mon père a recommencé à m’approcher et me soutenir financièrement. Grâce à son appui financier, j’ai pu ouvrir un bar. Son regard sur moi a progressivement changé au vue de la façon dont il me voyait gérer ce projet. J’étais devenu sa préférée et nos liens familiaux ont ainsi été consolidés peu avant son décès et celui de ma mère.
Après la mort de ma patronne, madame AHOLOU Georgette, j’ai renoncé au bar et je suis retournée au centre de formation qu’elle a créée pour continuer son œuvre. J’ai eu la chance par ce travail de rencontrer un homme qui voulait m’épouser. Malheureusement sa famille s’est catégoriquement opposée à notre relation à cause de mon handicap. Finalement nous nous sommes séparés. J’ai préféré alors rester seule et prendre comme époux notre Seigneur Jésus Christ.
Je suis chrétienne des Assemblées de Dieu et je vis ma foi chaque jour avec Dieu. J’aime plus aider que d’être aidée, je déteste l’envie et la haine. Je veux dire à mes sœurs en situation de handicap de s’aimer soi-même, de se faire valoir et de démontrer à tout moment qu’elles veulent réussir et qu’elles peuvent réussir. »