SB : Bonjour Estelle, quelle est votre mission au sein de Visions Solidaires et quels sont les objectifs de l’association ?

L’objectif principal de Visions Solidaires est d’éduquer les jeunes aux thématiques de solidarité et de citoyenneté. Le but est de changer les comportements en suscitant les débats sur des thématiques variées selon les besoins locaux ; handicap, prison, violence, alimentation, prévention routière. Le second objectif est de confronter les autorités aux questions de développement, en particulier la migration puisque très peu d’ONG s’en occupent au Togo. On s’efforce donc de réconcilier les Togolais de l’extérieur avec l’ État puisque la majorité a quitté le pays suite à des crises politiques (Le régime dictatorial du Togo qui dure depuis 40 ans encourage la migration) Au cours de mes 4 mois de mission au Togo, j’ai participé au développement du pôle Éducation à la citoyenneté et à la solidarité ainsi qu’à la mise en place de projets et de partenariats.

SB : Pourquoi vous êtes-vous impliquée dans cette association ?

J’ai une formation en Éducation et développement. J’avais envie de voir comment ça se passait au Togo et j’ai travaillé pour Starting Block, partenaire de Visions Solidaires. J’avais envie de vivre une expérience interculturelle.

MB : Parlez-nous un peu plus du projet que vous avez en cours avec l’association étudiante Lyon à Double Sens.

Lyon à Double Sens a fait appel à notre association pour co-construire un projet sur l’éducation au développement. L’idée est d’organiser deux week-ends d’échange, en France et au Togo, entre jeunes français, togolais et associations afin de réfléchir à l’éducation et la sensibilisation aux questions de développement de la citoyenneté et de la démocratie.

MB : En tant qu’association récente, quelles sont les difficultés politiques et financières que vous rencontrez ?

Au Togo, les subventions n’existent pas, il faut donc trouver des systèmes alternatifs : secteur privé, mécénats, partenariats. Certains bénévoles français mettent même la main à la poche pour financer des projets. En termes d’équipe, les bénévoles ne sont pas indemnisés pour leur travail ; leurs déplacements et repas sont à leur frais. Les volontaires peuvent se décourager d’un point de vue financier. Les volontaires manquent de formation, ne connaissent parfois pas leur rôle et n’ont pas de recul sur le milieu associatif, ce qui nuit au fonctionnement de l’association.

SB : Par quels moyens d’éducation votre association compte œuvrer de façon novatrice dans la sensibilisation à la solidarité ?

Visions Solidaires utilise la pédagogie active. Ce sont des outils crées en Europe et au Canada ; le but est de mettre « l’apprenant » au cœur de son processus d’apprentissage. C’est-à-dire, qu’il va lui-même déduire ce qu’il faut changer par le jeu. Dans la tradition africaine, on réunissait les enfants sous l’arbre pour débattre des problèmes et apprendre des choses avec des contes, chants et danses, ce qui est finalement très proche de la pédagogie active. Les maîtres sont même en demande de ces outils de pédagogie active. Visions Solidaires est la seule association réellement formée à la pédagogie active, c’est ce qui fait sa force.