« MILAWOÉ », LA PREMIÈRE ACADÉMIE D’ÉDUC. POP AU TOGO
(Interview de Samir ABI, réalisé par Emilie Ouchet, Starting-Block, http://www.starting-block.org)
Depuis plusieurs années, Starting-Block est partenaire de Visions Solidaires, association d’éducation à la citoyenneté et de solidarité active basée au Togo. Entre le 20 et 22 septembre, l’association a organisé l’académie « Milawoé », 1ère académie d’éducation populaire au Togo. Samir Abi, directeur exécutif, revient pour nous sur cet événement riche en échanges et diversité !
L’Académie a été nommée « Milawoé », pourquoi avoir choisi ce nom ?
« Milawoé » est un mot en Ewé, une langue locale du Togo. On peut le traduire en français par « Nous nous engageons à le faire ». Ce mot exprime la détermination d’un groupe à se lancer dans une action. Pendant deux ans, nous avons rêvé de faire une activité autour de l’éducation populaire qui pourrait réunir des personnes et des structures de différents horizons opérant dans ce milieu. Il a fallu relever le défi sans aucune subvention et convaincre le maximum de structures possibles de se joindre à nous pour cette initiative. Beaucoup doutait et certains n’y croyaient pas. Face à toutes ces incertitudes, un jour, nous avons croisé la route d’un responsable associatif au Togo qui nous a demandé si une si petite structure comme la nôtre pouvait réaliser une si grande initiative et nous avons du répondre en Ewé « Milawoé ». Ainsi, ce mot s’est collé à notre initiative et est devenu le symbole de la détermination d’un petit groupe de jeunes togolais passionnés d’animation à apporter un changement social par l’éducation populaire. Le mot « Milawoe » vient aussi traduire la finalité poursuivit par l’académie. En effet, à la fin de celle-ci, nous espérons que les participants pourront prendre l’engagement d’œuvrer pour un changement social à partir de l’éducation populaire.
Combien avez-vous reçu de participants ?
Nous avons été surpris, 136 personnes ont participé à l’académie, c’est le double de ce qu’on espérait recevoir! En plus, nous avons du refuser de nombreuses inscriptions car le centre BAFOK de Kpalimé qui accueillait l’académie ne pouvait contenir autant de participants et on risquait de manquer d’animateurs.
Beaux succès ! Peux-tu nous brosser rapidement un état des lieux de la pratique de l’éducation populaire en Afrique et nous dire quel est l’apport de l’académie « Milawoé » sur ces pratiques.
La pratique de l’éducation populaire en Afrique est très diversifiée d’un coin à l’autre du continent. Des soirées de chants poétiques berbères dans les montagnes du Rif au Maghreb aux danses Zulus en Afrique du Sud, différents moyens ludiques et initiatiques sont utilisés sur le continent pour éduquer les populations aux valeurs. Cela rentre dans une continuité historique car ces méthodes existaient bien avant la colonisation européenne. L’apport de l’académie « Milawoé » est de permettre un échange de pratiques et de créer un cadre de valorisation sur le continent. Tout cela afin d’améliorer les actions éducatives sur le terrain.
Je crois savoir que les participants venaient des 4 coins du monde ? Considères-tu que ce sont les premiers pas de l’éducation populaire internationale, façon citoyen du monde ?
Non! L’académie de l’éducation populaire «Milawoé» reste une petite initiative qui ne peut prétendre à cela. Mais c’était pour beaucoup de participants l’occasion d’échanger et de découvrir les pratiques en cours en Afrique, en Europe, en Amérique et en Asie. Cela est une première, certes, au Togo et pour beaucoup de jeunes togolais qui n’ont pas la possibilité de voyager et de découvrir ce qu’est la citoyenneté internationale ; mais d’autres initiatives de par le monde sont bien plus importantes en ce sens.
Justement, quel a été l’apport de l’interculturalité en terme d’échanges des pratiques ?
Sur ce point, les échanges ont été plus que constructifs. De l’avis général les brassages interculturels, intergénérationnels, et entre personnes valides et en situation de handicap ont été parmi les éléments de réussite de cette académie. Les participants venus de France, de Belgique ont pu co-créer des animations avec des participants togolais et animer ensemble en tenant compte des différences de démarches des uns et des autres. La découverte par tous de la richesse qui peut naître de l’échange et de la co-création dans un contexte de diversité a été, à notre avis, le résultat le plus positif de l’académie.
Quels ont été les principaux retours des participants ?
Tous les participants ont réclamé une nouvelle édition! Cette demande est apparue sur toutes les fiches d’évaluation reçues après l’académie. Nous avons donc décidé de faire une deuxième édition de l’académie « Milawoé » en septembre 2014.
Visions Solidaires est une association très active, peux-tu nous parler des événements à venir ?
La prochaine activité de Visions Solidaires autour de l’éducation populaire sera la campagne d’animation citoyenne. Cette campagne dure trois mois et permet de faire des animations d’outils pédagogiques d’éducation à la citoyenneté dans les marchés, les écoles, les églises, les mosquées, les ministères, les banques, les transports publics et bien d’autres endroits. Ce sera la deuxième édition de cette campagne. Tout le monde est bien sûr invité à y participer.
Propos recueillis par Emilie Ouchet
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