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Forum Mondial sur la Migration et le Développement 2014

GFMD 2014 : Flash Back

Par Samir ABI, Economiste, Directeur Exécutif de Visions Solidaires

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La grande messe de la migration a encore mobilisée plus de monde battant les records des précédentes éditions. Plus de 200 organisations de la société civile accréditées se sont jointes aux États pour ce septième Forum Mondial sur la Migration et le Développement. Bien qu’informel le GFMD (Global Forum on Migration and Development) est le seul espace de dialogue annuel au niveau onusien sur la migration. Ce qui explique l’engouement manifeste de la société civile à y participer pour y faire entendre du moins une petite voix dissonante parmi les discours conventionnés et diplomatiques qui ont lieu lors de ces rencontres.

On ne peut parler de migration sans parler des personnes qui cherchent chaque jour à gagner les « eldorado » du Nord. Et comme pour nous rappeler leur existence une barque de 400 migrants faisait naufrage au large des côtés italiennes au même moment que s’ouvrait le forum par les journées de la société civile. Des migrants morts et des centaines de naufrages qui interviennent aux larges des côtes européennes chaque année dont il sera fait peu cas d’ailleurs durant les cinq jours de rencontre officiels. En effet, dans une ambiance marquée par les élections européennes et la montée des discours nationalistes à l’encontre des migrants, la présidence suédoise du forum avait une toute autre priorité pour le GFMD 2014. Elle voulait « Libérer le potentiel de la migration pour un développement inclusif » en insistant essentiellement sur la place de la migration dans l’agenda de développement post 2015; le travail décent pour la main d’œuvre migrante déjà présente dans les pays d’accueil et la responsabilisation des diasporas pour leur meilleur inclusion sociale.

Actualité oblige, la place de la migration dans l’agenda de développement après 2015 a volé la vedette à tous les autres thèmes. Business de l’heure des institutions onusiennes épaulées par les États du Sud, l’agenda post 2015 soulève des montagnes de débat qui surement accoucheront d’une souris à l’Assemblée générale des Nations Unies en 2015. Bien que tout le monde soit convaincu que la migration a sa place dans cet agenda, le débat portait juste sur comment et où intégrer de jolies phrases et indicateurs sur la migration dans cet agenda. De l’action mondiale des peuples entamée le 9 mai à la fin de la réunion gouvernementale le 16 mai, des dizaines d’heures de débat seront consacrées à ce « problème ». L’enjeu à termes est que les transferts de fonds des migrants soient plus valorisés dans l’appui au développement de leur pays d’origine; ce qui se fait certes  déjà  mais pas assez en lien avec les objectifs du développement onusiens. Bref le genre de débat lourd et parfois ennuyeux qu’on sert à chaque rencontre internationale pour en sortir avec quelques phrases dans une déclaration qui souligne que tous les pays soutiennent l’idée de la migration dans l’agenda post 2015.

La grande nouveauté et surprise de ce forum a été au niveau de la société civile. Le succès d’un an et démi de présidence suédoise du GFMD a été surement d’avoir pu définitivement noyer les quelques élans combattifs qui survivaient dans la société civile au sein des discussions officielles onusiennes. Cela a conduit ainsi à un agenda unifié avec la société civile et à moins de frondes sur les questions liées à la ratification des conventions sur les droits des migrants au profit du débat sur l’agenda de développement post 2015. D’une société civile autrefois dans la rue et décriant un processus peu inclusif aux migrants et aux questions des droits des migrants, on en est arrivé à une société civile incluse sans agenda propre et dont le message est noyé dans le chapelet des vœux onusiens. L’aspect complémentaire des débats a été salué par toutes les personnes ayant modéré les ateliers des espaces communs de dialogue entre la société civile et les gouvernements. Et pourtant ce ne sont pas les témoignages d’atteinte aux droits à la libre circulation qui ont manqué. La plus poignante ayant été sans nulle doute celle de cette petite fille nicaraguayenne de 12 ans retrouvée pendue tout récemment dans un camp de rétention-prison de migrants au Mexique alors qu’elle cherchait juste à rejoindre ces parents aux États-Unis. Au regard de ces drames humains répétitifs et des morts sans cesse cumulés sur la conscience de pays qui défendent des politiques migratoires sécuritaires, un sursaut de la société civile et un renouveau des mouvements pour les droits des migrants sont plus que jamais nécessaires. Le rendez-vous sud-africain du Forum Social Mondial sur la Migration sera l’heure de vérité en ce sens.

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