BAPTÊME TRADITIONNEL MUSULMAN
par Louise BATARD, Stagiaire française au Togo
Invitées par Djouwera, l’assistante administrative de Visions Solidaires et tante du nouveau né, Morgane, Flora et moi sommes allées ce matin à la fête de baptême de Fahima. Le baptême traditionnel musulman est fêté 7 jours après la naissance de l’enfant.
Le baptême a lieu dans la maison de la famille ou dans une mosquée. Il faut que le lieu puisse recevoir de nombreuses personnes. Les baptêmes sont l’occasion de revoir des personnes, de réunir les familles de la mariée et du marié, mais aussi de faire des rencontres. Les fêtes africaines toutes confondues sont réputées pour être des lieux de rencontres pour les jeunes personnes célibataires, ou pour chercher une nouvelle femme pour les hommes d’âge mur.
La majorité des invités étaient en pagne traditionnel ou tenue de fête. Les femmes avaient particulièrement des tenues très soignées. Il ne nous a pas été demandé de mettre un vêtement spécifique (voile ou pagne). Notre couleur de peau suffit !
La cérémonie commence tôt le matin, l’Imam expose le sens du prénom choisi puis prêche plus globalement. Les hommes sont disposés en rond autour de l’enfant et l’Imam, et les femmes sont en arrière. Viens ensuite le temps de la convivialité. Arrivées après la prière, nous avons été invités à saluer la maman (grand-mère du nouveau né). Nous nous sommes agenouillées devant elle en signe de respect et de salutations. Nous avons été ensuite installées au milieu de la court et invitées à manger. Tous les invités sont installés dans la court, les hommes sont regroupés entre eux et les femmes entre elles. Il serait mal vu pour un homme de s’installer avec les femmes ou vis-versa. Même un homme marié se sépare de sa femme. Le fait d’être divisé ne les empêche pas de se regarder, de se draguer ou de discuter sur le sexe opposé !
A chaque baptême, un agneau est tué pour le repas. Il nous a été expliqué qu’une famille en attente d’un enfant préparait déjà son baptême en début de grossesse. Il faut du temps pour élever l’agneau. Si l’agneau est bien gras, c’est bon présage. L’agneau est donc cuisiné et offert aux invités. Pour nous il nous a été offert un café (les blancs sont réputés pour boire du café, boisson très peu bu par les locaux) puis une assiette de pate avec poisson et poulet. Les invités reçoivent aussi tous de la nourriture à remporter chez eux (un plat de riz avec de la sauce et un morceau de viande).
Pendant le temps où nous mangions, le papa (grand père du nouveau né) et venu nous saluer. C’est lui qui est venu et nous devions attendre son signe de salutation avant de répondre. Nous avons aussi pu adresser nos félicitations au papa (père du nouveau né). La maman et le nouveau né sont quant à eux à l’intérieur de la maison. Les invités se relaient pour les saluer.
Avant de rentrer dans la maison nous nous sommes déchaussées. Nous avons ensuite été accueilli par l’heureuse maman, en habit de fête (elle a changé 3 fois de tenue rien que dans la matinée). Puis, nous avons été invitées à prendre l’enfant dans nos bras, le temps d’une photo. Fahima, en pleine forme avait déjà beaucoup de cheveux et dormait à poing fermé, ignorant les bras dans lesquelles elle était. Nous sommes ensuite sortis de la maison, laissant la maman et l’enfant à un peu de calme avec leur famille.
Nous avons été beaucoup sollicitées par les enfants encore aujourd’hui. Nous étions en périphérie de Lomé, et peu d’entre eux avait déjà vu des blancs. Les plus petits avaient peur de nous, il y en a même plusieurs qui ont pleuré. Une petite fille nous a même demandé comment nous avions fait pour devenir blanches ! Elle voulait aussi savoir si c’était nous qu’elle avait vu à la télévision !
Après le repas, nous nous sommes retirées de la cérémonie pour rentrer chez nous. Nous avons salué la grand-mère et le grand père en nous agenouillant, puis remercié le papa. Nos hôtes m’ont laissé une impression d’être reconnaissant envers nous car il y avait eu des « Yovo » (blancs) pour leur fête.
Lors du retour il a été question de nous inviter à un mariage. Aurons-nous l’occasion d’en voir un ?