EUROPEAN DEVELOPMENT DAYS 2015
La migration au cœur des débats
Par Samir ABI
Autour du thème « Our World, Our Dignity, Our Future », les journées européenne du développement 2015 ont mobilisé près de dix mille participant-e-s venus des quatre coins du monde les 3 et 4 juin à Bruxelles. Membre de gouvernement représentant plus d’une centaine de pays, représentant de parlements nationaux ou du parlement européen, membre de la commission européenne, représentant d’organisations continentales et régionales et plus d’un millier de fondations d’aide au développement et d’organisations de la société civile, tels étaient les participants à ce forum considéré à juste titre comme le « Davos » du développement. Les journées européennes du développement apparaissent comme un cadre certes informel mais qui permet aux bureaucrates des institutions européennes de sortir de leur tour pour venir rencontrer des acteurs de terrain et des chercheurs afin de mieux se faire comprendre et comprendre aussi les démarches des autres.
Pour cette année consacrée comme Année Européenne du Développement et où tous les regards se tournent vers l’ Assemblée générale des Nations Unies en septembre qui adoptera les prochains objectifs du développement pour la période après 2015, les sujets brûlants de débat n’ont pas manqué au programme de ces journées. Des questions de l’éradication de la pauvreté, de la démocratie aux questions de la jeunesse en passant par les questions de la citoyenneté globale, du terrorisme, de l’énergie , du développement durable, du changement climatique, de l’éducation, de l’agriculture, de l’alimentation etc. plus d’une centaine d’ateliers ont été organisés en deux jours pour approfondir ces sujets qui touchent à la dignité humaine et à notre avenir sur terre. Mais sans nul doute la thématique de la migration aura été celle qui aura mobilisée le plus.
Les récentes catastrophes humanitaires au large de la méditerranée et le débat actuel en Europe sur l’accueil des demandeurs d’asile en provenance d’Afrique et d’Asie, affrontant les eaux dangereuses de la mer méditerranée pour chercher refuge en Europe ne pouvaient être oubliés. Que ce soit dans les ateliers spécialement dédiés au thème de la migration ou durant les séances plénières des voix se sont élevées pour exhorter à plus de considération des droits humains des migrants et des réfugiés bafoués par les politiques migratoires européennes actuelles. Les problèmes de racisme et de xénophobie, qui ont actuellement le vent en poupe autant en Europe qu’en Afrique, n’ont pas manqué également d’être rappelés par les membres de la diaspora. La diaspora africaine qui saisi cette occasion pour insister une fois encore sur sa contribution à la fois au développement des pays de l’Union Européenne et à celui des villes et des villages en Afrique sans pour autant voir ses efforts reconnus à leur juste valeur.
Les échanges ont également portés sur l’actualité des migrants climatiques qui apparaissent comme un réel challenge pour notre avenir. Le changement climatique n’étant plus une hypothèse mais un fait perceptible dans divers pays avec des catastrophes qui occasionnent de plus en plus de déplacés internes, une réflexion globale s’impose pour trouver des solutions à ces déplacements forcés. Face à ces urgences les réponses des politiques restent comme toujours vague et très peu convaincantes aux yeux de la société civile. Mais le consensus se fait surtout sur la nécessité de mettre en avant les droits humains avant toute considération sécuritaire, économique ou géostratégique. Dans un monde plein d’incertitudes et de conflits, les débats sur la migration ont encore de beau jours devant eux.