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Notre devoir de souvenir: Alex Casimir et Robert Casimir Dosseh-Anyron,

 Les auteurs de l’hymne national du Togo

Par Adjovi Justine SOMABE et Samir ABI 

Terre de nos aïeux

Alex Casimir Etsri Yaovi Dosseh-Anyron à ne pas confondre avec son frère Monseigneur Robert Casimir Dosseh-Anyron. Le dernier étant plus populaire que le premier pour avoir été Archevêque de Lomé de 1962 à 1992 avant d’être nommé par la suite Archevêque émérite par le Pape Jean Paul 2. Toutefois nous devons aux deux et à leur collaboration avec F.Gonyuie, l’hymne national togolais : « Terre de nos aïeux ».

Biographie d’Alex Casimir Dosseh-Anyron

Né le 16 août 1923 dans la ville de Vogan, Alex Casimir Dosseh-Anyron est originaire du village d’Anyronkopé, situé à 10 km au Sud Est de ladite ville. Le village d’Anyronkopé doit sa célébrité dans ladite région aux prouesses de sa population en matière musicale. En effet la population de ce village excelle dans les rythmes et folklore de ce terroir à savoir le « Gbeko » ou Tam Tam guerrier, l’ « Adzogbo » et d’autres rythmes liés aux cérémonies du culte « Vodou » ou « Alaga ». Leur prouesse au niveau musical explique les divers prix reçus lors des concours folkloriques organisés dans cette région. Cette racine ancestrale faite de rythme, justifia l’option prise par Alex Casimir Dosseh-Anyron de s’orienter vers des études de musique à son arrivée à Paris pour des études supérieures. Il séjourne en France jusqu’en 1958, pour ses études de musicologie. Véritable touche à tout, il s’initie à l’orgue, au piano et à la composition musicale.

De retour à Lomé en 1958, il se consacra à l’enseignement dans les établissements secondaires de la place. Il officia successivement au Lycée Bonnecarrère, au Collège Sitti (Actuel Lycée de Nyékonakpoè), au Lycée de Tokoin, au College St Joseph et au Lycée Français de Lomé. Il prit sa retraite en 1987 et s’éteignit vingt ans plus tard, le 12 mars 2007. Un an avant son décès, à l’occasion de la célébration du 46ème anniversaire de l’accession à l’indépendance du Togo, le 27 avril 2006, Alex  Casimir Dosseh-Anyron fut décoré chevalier de l’Ordre du Mono en hommage à la composition de l’hymne national togolais, œuvre qui l’a rendu célèbre pour la postérité.

Terre de nos Aïeux, un hymne pour la nation togolaise

Terre de nos aieux 2

Un hymne national est généralement un chant patriotique, souvent choisi pour l’usage officiel par le gouvernement, bien qu’il puisse aussi s’imposer par l’usage. C’est souvent une composition instrumentale qui représente une nation ou un pays. Il peut coexister avec d’autres chants patriotiques. La plupart des pays dans le monde ont adopté un hymne national comme emblème de leur pays.

Beaucoup de pays d’Afrique francophone, qui ont acquis leur indépendance en 1960, ont pris pour modèle l’hymne national français « La Marseillaise« , pour concevoir leur hymne. Cela s’illustre d’ailleurs par les noms qu’ils leur donneront: l’Abidjanaise, la Nigérienne, la Congolaise, la Tchadienne etc. Un regard rétrospectif sur le processus qui a amené à la création de l’hymne national des nouveaux pays africains francophones indépendants peut déjà laisser envisager le type de relations que ces pays dits « indépendants » entretenaient avec l’ancienne puissance colonisatrice. L’accession à l’indépendance ne fut pas synonyme de rupture avec la France pour la plupart des pays d’Afrique Occidentale et Equatoriale Française. Ainsi de nombreux Français apporteront leur contribution pour l’élaboration des hymnes de ces pays. Cela ne fut pas le cas pour la Guinée, le Mali et le Togo[1].

Ces trois pays firent plutôt appel à leur compétence locale pour exalter leur sentiment national. Les  nationaux qui travailleront sur les hymnes de ces pays s’inspireront du folklore du pays pour leur composition. Fodeba Keïta, le fondateur des ballets africains, aura la charge de concevoir « Liberté« , l’hymne de la Guinée. L’écrivain Seybou Badian Kouyaté et le griot Ngoni Bazoumana Sissoko s’associeront pour composer l’hymne du Mali : « Pour toi l’Afrique et pour toi, Mali« . Pour le Togo, un concours sera lancé par une commission consultative, présidée par le Docteur Rudolph Comlan Trenou, pour choisir les emblèmes nationaux à savoir le drapeau et l’hymne national. Alex Casimir Dosseh-Anyron aidé de F. Gonyuie et Monseigneur Robert Casimir Dosseh-Anyron, à l’époque Vicaire Général de l’Archidiocèse de Lomé, conçurent la musique et les paroles de « Terre de nos Aïeux » qui sera retenu par la commission du Dr Trenou, pour devenir l’hymne national du Togo.

Alex Casimir Dosseh-Anyron avoue s’être plongé dans les racines musicales du Togo profond et s’être inspiré d’un vieux libre musical allemand pour la composition musicale et le choix des vers qui formeront Terre de nos Aïeux. Il compare l’hymne à un jeune homme qui se lève de son sommeil et après une profonde inspiration s’élance dans ses activités[2]. Pour cette belle composition, il sera récompensé par l’Etat togolais d’une somme de 50.000 F Cfa. Cependant de 1979 à 1991, un autre hymne national fut imposé par le parti unique de l’époque, le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), en remplacement de « Terre de nos Aïeux ». Ce nouvel hymne intitulé  « Unité Nationale » devait traduire l’esprit de réconciliation nationale et la nouvelle marche dans laquelle le Président d’alors, le Général Gnassingbé Eyadema, voulait conduire la nation togolaise. Le soulèvement de la population togolaise, pour exiger la démocratie et le multipartisme, au début des années 90, va faire revenir de plus belle « Terre de nos Aïeux » comme hymne de la nation togolaise.

Terre de nos Aïeux, un hymne pour le changement social

L’histoire de la nation togolaise fut marquée, à partir de 1967, par un régime militaire sous le présidence du Général Gnassingbé Eyadema. Ce régime avait pour caractéristiques la privation du droit à la liberté d’expression et l’interdiction des partis politiques au profit d’un monopartisme, représenté par le parti unique dénommé Rassemblement du Peuple Togolais (RPT). Le monopartisme visait, selon le régime militaire, à faciliter l’unité nationale du pays, suite aux querelles entre les personnalités politiques du Nord du Togo et celles du Sud du Togo qui ont émaillé la fin du Gouvernement de Nicolas Grunitzky. Le régime militaire va interdire à partir de 1979 « Terre de nos Aïeux » comme hymne national, par crainte que les paroles de cet hymne n’incitent le peuple à la révolte. Comme on peut le remarquer, au-delà de la louange à la terre mère togolaise et aux ancêtres, forts paisibles et joyeux qui y ont habité, les vers qui composent le premier couplet de « Terre de nos Aïeux » sont un appel à la vaillance et à la lutte contre la tyrannie.

Salut à toi pays de nos aïeux,

Toi qui les rendais forts,

Paisibles et joyeux,

Cultivant vertu, vaillance,

Pour la postérité.

Que viennent les tyrans,

Ton cœur soupire vers la liberté,

Les exactions du régime militaire finirent par provoquer une vague de contestation citoyenne menée surtout par les étudiants et de jeunes intellectuels. Le 5 octobre 1990 marqua le début du soulèvement majeur des étudiants à Lomé contre le régime militaire. Ceux ci voulaient protester contre le jugement de leurs camarades arrêtés pour la distribution de tracts à l’Université dont le texte réclamait le retour à un régime démocratique et au multipartisme au Togo. L’un des éléments utilisés par les étudiants protestataires  fut l’hymne national, « Terre de nos Aïeux », interdit pourtant, que les étudiants entonnèrent pour défier le pouvoir. A partir de cette date, les paroles de « Terre de nos Aïeux » vont servir de chant de ralliement pour mobiliser tous les citoyens contestant le pouvoir togolais. Les vers ci-dessous de « Terre de nos Aïeux » font écho à cet appel à la contestation de l’injustice.

Togo debout, luttons sans défaillance,

Vainquons ou mourons, mais dans la dignité,

Une polémique fut créée en mai 2016, suite à la déclaration de Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, Archevêque émérite de Lomé, qui demandait de changer ce dernier vers par « Vainquons ou vivons, mais dans la dignité« . Le prélat expliquait sa proposition par sa réprobation et son malaise par rapport à tous les crimes et les victimes innocentes dont le sang a été versé tout au long de la lutte pour la démocratie au Togo. Les vers de l’hymne national togolais devraient, selon lui, être un appel à la vie et non à la mort car « ce sont les vivants qui luttent et non les morts[3] ». Les propos du prélat furent fortement désapprouvés par la majeure partie de la classe politique et des citoyens qui ne voulaient d’aucune façon changer les vers de cet hymne national. D’autant plus que « Terre de nos Aïeux » fut de nouveau institutionnalisé comme hymne national après une dure lutte et à l’issue de la Conférence Nationale Souveraine présidée par ce même Mgr Kpodzro. Malgré la désapprobation soulevée par ces propos, il faut noter que Mgr Kpodzro et en général les Evêques du Togo, ont une grande influence sur la vie politique au Togo. Le respect du clergé et la foi en Dieu font partie des bases sur lesquelles les Togolais œuvrent pour construire leur nation tels que déclamés par les derniers vers du premier couplet de « Terre de nos Aïeux » :

Grand Dieu, Toi Seul nous a exaltés,

Du Togo pour la prospérité,

Togolais viens, bâtissons la cité.

Pour finir, il faut noter que même si le premier couplet de « Terre de nos Aïeux » est plus utilisé par les citoyens, les deux derniers couplets traduisent également des messages assez forts sur les valeurs auxquelles tout Togolais doit aspirer. On peut  citer comme exemple les vers ci-dessous dans le deuxième couplet de l’hymne qui appellent tous les Togolais à être artisans du bonheur de tous sur la terre de nos aïeux, à aimer servir (« non se servir ou se faire servir ») et se dépasser pour faire de la nation togolaise l’or de l’humanité :

Seul artisan de ton bonheur, ainsi que de ton avenir,

Brisons partout les chaînes de la traîtrise,

Et nous te jurons toujours fidélité,

Et aimer servir, se dépasser,

Faire encore de toi sans nous lasser,

Togo chéri, l’or de l’humanité.

Le troisième et dernier couplet de l’hymne national togolais est un appel à l’univers entier pour plus d’humanité, de liberté, de solidarité et de fraternité afin de mettre fin à la misère et à l’esclavage.

Terre de nos Aïeux, un des chants patriotiques  

L’hymne national, au-delà de son caractère institutionnel, est un chant patriotique connu et repris par tous les citoyens d’un pays, à l’école, au service de l’Etat ou lors des évènements majeurs de la nation. Ce chant patriotique et populaire sert lors de  mobilisations afin de défendre des valeurs de la nation face à un danger. Il existe cependant d’autres chants patriotiques, fredonnés par les citoyens, qui jouent également un rôle mobilisateur au Togo. On peut citer la « Marche Républicaine » plus communément appelée « Eternel bénisse le Togo » dont voici la teneur ci-dessous :

L’Eternel bénisse le Togo

Et de ses enfants les conducteurs.

Togolais fais monter

De partout des clameurs

A la gloire de notre cher Togo

Et célèbre sa beauté.

Forêts, monts, sites enchanteurs,

Fleuves majestueux,

Torrents prestigieux.

Le sol merveilleux

Prodigue et répand bonheur et fécondité.

Soyez béni ! Togo soyez heureux!

Pays de nos aïeux !

De nombreux chants patriotiques existent dans les différentes langues parlées au Togo et qui sont utilisés comme outils mobilisateurs des populations lorsqu’une circonstance l’exige. Ces chants patriotiques servent également d’outil de sensibilisation à la citoyenneté. Ils sont soit des compositions nouvelles soit l’adaptation d’un air déjà connu à un message sur l’engagement citoyen voire à un message politique. Ils se caractérisent par un air facile à retenir et par la concision du message à transmettre. Les chants patriotiques se sont révélés être une arme de propagande politique redoutable durant la période de lutte contre l’occupation coloniale pour contourner la répression policière dont étaient victimes les militants nationalistes. Ils ont également servi d’outil de résistance, en raison de leur humour ou de la raillerie du régime qu’ils contenaient, durant la dictature militaire de 67 à 90. Ils ont enfin servi à galvaniser les foules durant la période de soulèvement pour réclamer le retour à la démocratie dans les années 1990. Les chants patriotiques peuvent dans certains cas choquer par leur virulence et leurs attaques contre les adversaires politiques jusque dans leur vie privée.

 La difficulté de compréhension d’une langue à l’autre, parmi la quarantaine d’ethnies qui forment le Togo, amène à favoriser les chants patriotiques en français pour garantir une mobilisation nationale. Toutefois, le caractère dominant de la langue « Mina », en tant que langue véhiculaire pour le commerce, notamment dans la capitale togolaise, Lomé, et les régions du sud du Togo, ont facilité la propagation de certains chants patriotique composés en cette langue. Ils ont été souvent entonnés par les populations durant des manifestations pour réclamer des droits citoyens ou lors de manifestations de joie, suite par exemple à une victoire de l’équipe nationale togolaise. L’un des chants patriotiques en mina, assez connu, qu’on peut citer dans ce catalogue est le suivant :

Fofo si nusè lé (C’est en Dieu qu’est la Force)

Fofo si nusè lé(C’est en Dieu qu’est la Force)

Fofo si nusè lé (C’est en Dieu qu’est la Force)

Alléluia

L’autre auteur de l’hymne, Mgr Robert Casimir Dosseh-Anyron

Robert Casimir Dosseh Anyron

Bien que très controversé, Mgr Robert Casimir Dosseh-Anyron a incontestablement marqué l’histoire du Togo tels le Cardinal de Richelieu ou le Cardinal Mazzarin dans l’histoire de France. Ci-dessous, une brève biographie de la personne et de sa contribution à l’histoire politique du Togo, au-delà de son apport à l’écriture de l’hymne national.

Robert Casimir Tonyui Messan Dosseh-Anyron est également né à Vogan le 13 octobre 1925. Il fait ses études primaires à Lomé et ses études secondaires d’abord à Togoville, puis au petit séminaire de Ouidah, études couronnées par l’obtention d’un Baccalauréat. Après la philosophie scolastique, Mgr Joseph Strebler, alors Archevêque de Lomé, l’envoie à Rome, en automne 1948. Le 21 décembre 1951, il y est ordonné prêtre et l’année suivante, il obtient une Licence en Théologie. Les trois années suivantes, il prépare une thèse de doctorat sur « L’Eucharistie dans les œuvres de Bossuet ». Il la soutient brillamment le 12 janvier 1955 avec la mention « Summa Cum Laude »(Excellent).

A son retour au Togo, il est nommé Vicaire à la paroisse St Jean Apôtre de Tsévié. En 1960, Mgr Strebler l’appelle à Lomé comme Directeur de l’Enseignement Catholique et, quelques mois plus tard, il  devient Vicaire Général de l’Archidiocèse de Lomé. Le 4 avril 1962, le Saint-Siège publie la nomination de quatre nouveaux Archevêques africains élus le 10 mars 1962, parmi lesquels l’Abbé Robert-Casimir Dosseh-Anyron. L’histoire retiendra que dans tout le Togo, ce fut une explosion de joie à cette annonce. Le premier Président de la République Togolaise, Sylvanus Olympio, fut un des premiers à lui adresser un message de félicitation : « Au nom du Gouvernement et en mon nom personnel, je vous adresse mes félicitations les plus sincères et j’exprime le vœu que l’Eglise, sous votre direction, travaillera avec le Gouvernement pour un développement accéléré de notre pays dans tous les domaines… ». Après son sacre le 10 juin 1962 à la paroisse St Augustin d’Amoutivé, des mains du Cardinal Julius Döpfner, archevêque de Munich, consécrateur principal, et de Nosseigneurs Joseph Strebler et Bernardin Gantin, co-consécrateurs, il devient le premier Archevêque togolais.

Mgr Robert Casimir Dosseh- Anyron est reconnu par tous comme une personne forte intelligente et assez douée. Il a donc été très sollicité tout au long de son archevêché par les politiques  et en particulier par les Présidents de la République successifs du Togo. Il est connu pour avoir été un conseiller très écouté par le Général Eyadema qui le consultait assez souvent pour certaines décisions. On lui attribue d’avoir conseillé au Général Eyadema, de s’autoproclamer « Le Père de la Nation », ce que ce dernier fit. Au sein même de l’Eglise, plusieurs prêtres lui ont reproché ces actes de délation auprès du régime militaire contre des prêtres opposés aux décisions du Général Eyadema dont certains se sont vus interpellés et punis par le régime. Après 30 ans de service épiscopal à la tête de l’église togolaise, Mgr Dosseh-Anyron fut nommé Archevêque – émérite de Lomé par le Pape Jean Paul II en 1992. Il célébra le 10 juin 2012 son Jubilé d’Or épiscopal, marquant les cinquante ans de sa nomination comme Archevêque de Lomé, et ses réalisations ecclésiales, sociales et culturelles au Togo. Une des dernières missions qui lui fut confiée au service de la nation fut de présider la Commission de réflexion pour la réhabilitation de l’Histoire du Togo mise sur pied par un décret du Président Faure Gnassingbé en octobre 2005.  Il a été rappelé auprès de Son Seigneur, le 15 avril 2014 dans sa 89ème année après 62 ans de sacerdoce et près de 52 ans d’épiscopat.

[1] L’hymne, l’âme de ma Patrie, Philippe Dammintéte Lardja, Edilivre

[2] http://mivapedia.com/fr/africa-encyclopedia/alex-etsri-yaovi-dosseh-anyron-lauteur-de-lhymne-national-du-togo-terre-de-nos-aieux/ consulté le 24 août 2018 à 17.19

[3] http://www.lagazettedutogo.com/138-si-on-me-contraint-a-donner-mes-raisons-les-arguments-ne-me-manqueront-pas-dixit-mgr-philippe-fanoko-kpozro.html

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