LETTRE OUVERTE AUX TOGOLAISES ET TOGOLAIS
Le Conseil Mondial de la Diaspora Togolaise (CMDT) constate que les droits de la diaspora togolaise sont de plus en plus bafoués par les autorités togolaises au point que le Gouvernement en arrive à supprimer la double nationalité pour des raisons politiciennes.
Ce point vient s’ajouter à une légère baisse des transferts d’argent que la Diaspora togolaise envoie régulièrement aux familles restées au Togo. Le montant élevé de ces transferts (plus de 300 millions de $US par an) témoigne des difficultés de création de richesses et d’emplois au Togo. Le pouvoir d’achat n’est d’ailleurs pas garanti.
Au commencement, une Diaspora qui assume ses devoirs vis-à-vis du Togo.
Notre compatriote Samir ABI vient de publier un article qui pose la question de la baisse de la contribution financière de la Diaspora togolaise. Cette baisse est passée de 337 millions de dollars US en 2011 à 330 millions $US en 2012.
Cet article précise bien le poids de cet apport dans l’économie nationale et surtout celui dans la vie de nos familles restées au Togo.
Force est de constater en examinant cet article que le Togo nous impose beaucoup de devoirs mais nous n’avons aucun droit. Nous devons faire toujours plus mais nos demandes et revendications collectives sont ignorées par les autorités nationales.
On note même un consensus mou entre l’opposition politique et le pouvoir nous assignant une fonction financière sans responsabilité aucune dans les affaires du Togo. La Diaspora togolaise est bien acceptée dans les familles et auprès du Togo réel mais pas acceptée par ceux qui le dirigent ou aspirent à le faire.
Mais nous sommes systématiquement exclus et discriminés par les autorités
Cela n’est plus acceptable aujourd’hui, car ce faisant nous sommes à la fois exclus et discriminés de façon institutionnelle et permanente au Togo.Si on rajoute nos difficultés et les barrières qui sont dressées au Togo dès lors que l’on veut investir, créer une entreprise, on pourra retenir facilement que
décidemment les autorités togolaises n’aiment pas leurs concitoyens de l’extérieur sauf s’ils sont des bailleurs sourds, muets et inertes.
Le Togo est un pays particulier et cette particularité de nos particularismes mettent le doigt sur l’absence de vison politique et de décision pertinente pour accueillir, accompagner, faciliter la vie de ceux là qui sont pour certains partis pour rechercher une vie meilleure ailleurs à l’étranger et qui envoient malgré tout des moyens à leurs familles pour assumer et faire face le plus souvent à ce que l’Etat togolais n’arrive pas à assurer pour tous (la santé, l’éducation, la consommation, l’habitation) tout en faisant travailler de nombreux entrepreneurs locaux.
L’Etat de droit d’abord, le développement d’accord, l’intérêt général toujours.
Des structures au Togo sont créées pour nous sans nous consulter car certains pensent qu’ils peuvent vouloir notre bien sans nous et surtout pratiquer cette politique de défiance nationale vis-à-vis d’une Diaspora qui est encore respectueuse du Togo et de ses habitants, foncièrement démocrate, éprise de liberté et de transparence. Cette Diaspora s’est donnée comme principes de vie dans le cadre du Conseil Mondial de la Diaspora Togolaise, les 3 idéaux suivants :
– Développer l’état de droit,
– Promouvoir l’intérêt général,
– Contribuer au développement.
Bref le peuple togolais parle de nous, de sa Diaspora. Des études et colloques sont organisés sur nous, nos moyens. Mais personne ne veut au Togo nous avoir comme interlocuteurs directs car comme le rappelle à juste titre M. ABI, nous posons la question de notre citoyenneté pleine et entière à travers notre droit de vote, nous demandons notre représentation à travers notre recensement, nous souhaitons pour certains de poser la question de notre contribution par le biais des impôts patriotiques permanents au Togo à travers la question de la double nationalité. On peut être hors du Togo et pourtant être Togolais(e) à part entière !
Le jeu politicien ne voit pas les enjeux positifs de cette Diaspora. Les autorités togolaises actuelles ne voient jamais les enjeux de nos propositions ponctuelles ou permanentes contenues dans notre bréviaire du Congrès de Bohn en Allemagne (les 49 solutions du CMDT pour le Togo).Tout semble se jouer dans un jeu politicien où les autorités surfent sur des créations factices de groupes de la Diaspora et encouragent des divisions tout aussi inopérantes alors même que le Togo dispose d’un atout formidable de plus de 2 millions d’ambassadeurs dans le monde qui réunis et mobilisés seront des accélérateurs d’un développement durable tant son potentiel est grand et prometteur.
La Diaspora, un fort potentiel de contribution multiforme.
Au-delà des financements, les Togolais de l’extérieur sont capables de soutenir la création de richesses notamment en créant des entreprises, développer des activités, appuyer l’Etat togolais dans ses politiques publiques, mobiliser leurs réseaux au service du Togo, porter le double projet économique et social et contribuer à la création de la richesse au Togo tout en veillant à renforcer notre contribution contre les inégalités criantes du Togo (exclusion, discriminations et pauvreté). Encore faut-il qu’ils rencontrent au Togo une volonté politique !
Le Togo a besoin de sa Diaspora mais il est tétanisé par ses propres turpitudes au point de valoriser une forme de cécité volontaire, de pouvoir arbitraire, d’incapacité à créer la confiance en interne et en externe pour attirer et promouvoir ceux qui sont les plus proches économiquement, affectivement et spirituellement.Les autorités togolaises actuelles préfèrent encore trop souvent faire appel aux investisseurs étrangers alors même que la Diaspora pourra assumer une grande partie de ces politiques.
Les transferts de fonds de la Diaspora en baisse n’empêchent pas de prendre des responsabilités historiques. De nombreux Togolais sont en train de passer à côté de quelque chose d’historique. Mais, ce sont les autorités togolaises qui prennent des décisions historiques pour des raisons politiciennes, ceci en toute absence de transparence.
Les nouvelles générations, nos enfants et petits enfants instruits des difficultés pour aider le Togo préfèrent et préféreront organiser leurs vies ailleurs que de subir gratuitement les difficultés et contraintes imposées par les autorités actuelles du Togo. Les fonds transférés baisseront de façon inéluctable faute de confiance, de politique visionnaire et d’incitation. Sans nos droits, nos devoirs vont forcément se limiter à moins que nous ne prenions nos responsabilités historiques en décidant de changer par tous les moyens le système politique, social, les barrières et les empêcheurs de tous genres.
Fait à Lille, le 26 Novembre 2012
Dr Martin AMOUZOU,
Coordinateur Général